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lundi 10 septembre 2018

La culture, un hobby gauchiste ?




De l’art en général.   

- Que reste-t-il du feu de la création en ces temps de contrôle et de destruction ? Voilà notre artiste plongé dans les profondeurs d'une théorie de l'esprit dans la recherche du plaisir et de l'évitement de la douleur se posant d’innombrables questions, toutes plus contradictoires - chacune effaçant  la suivante. L’art n'a t'il pas traversé de tout temps des périodes difficiles ? l’histoire est là pour nous le rappeler chaque jour qui passe. Pendant longtemps il n'y eut que très peu de rivalité entre les arts dits majeurs, ils coexistaient sans peine, alors pourquoi ces disciplines artistiques picturales, manuelles comme tant d’autres activités plus ou moins artisanales qui représentaient le somment de la création  deviennent-elles aujourd’hui ce que le monde en fait : des abstractions.

Qu’est-ce donc que cette abstraction ?  Plongeons un instant dans le domaine du conceptuel fort acclamé et si généreusement promu. D'abord, il n'est pas tout à fait inutile de rappeler que la plupart des œuvres adulées au début du siècle précédent ont vu leur côte fortement augmenter jusqu'à devenir des valeurs sûres et rentables autant pour les musées que pour leurs propriétaires privés. On pourrait déjà considérer cet état de fait comme une première abstraction qui met bien plus en valeur les héritiers que les créateurs eux-mêmes.
- homicide ou renaissance ?

De l’abstraction ou absence totale de figures nait un objet duquel on peut s’approprier sans limite jusqu’à même sa conception. N'étant plus représentatif ni du sujet ni de l’artiste il prend un aspect décoratif et devient surtout propriété entière de celui qui l’acquiert: un bibelot de luxe, une valeur ajoutée, un bon placement, une rente. Toutes les preuves ainsi que les indices de sa création disparaissent et par là même sa paternité, sa parenté la plus proche s’efface derrière le profil du nouveau propriétaire. Dans les deux cas, il ne reste que le corps de l’œuvre qu’on sanctifie dans un mausolée dédié ou bien alors qu'on adopte comme un enfant à vendre sur l'autel du marché.

- Dans les deux propositions, on voit bien la similitude des procédés qui consistent, dans un premier calcul à rejeter l’artiste et dans un deuxième mouvement à adopter son œuvre, à se l’approprier pour son propre compte. Je ne parle pas bien sûr de l'auteur se séparant naturellement de son œuvre après création, celle-ci devenant en quelque sorte la propriété de tous. Non je pointe l'artiste mort dans la misère qui n'a pas eu le temps de déguster les fruits de sa création et celui qui crée une œuvre si impersonnelle et si peu universelle qu'elle devient un produis de luxe inaccessible au plus grand nombre et par la même une valeur et placement rentable.

Les artistes contemporains sont il me semble plus nombreux que par le passé du fait des nouvelles disciplines. Ce qui était noble hier devient usuel de nos jours, soit rangé à l'état de souvenir enseveli sous les gravats du temps - les réserves des musées et des bibliothèques se remplissent, soit ils refont surface dans une quelconque salle des ventes. From time to time on érige une stèle à celui qui fut un moment adulé en fêtant dignement son anniversaire. C'est un nouvel événement temporaire, l' exhumation a lieu - les gens prennent un ticket, ils font la queue patiemment en attendant leur tour.


Le lent procédé laborieux de la peinture ou de la sculpture, le tour de main artisanal est escamoté au profit de la technicité à grand renfort de modernité. Entre l’homme créateur et la création s'est interposé une multitude d'écrans, de machines équipées d'yeux électroniques - Et bien pourquoi pas après tout ! N’est-ce pas ainsi que sont nés la photographie et son enfant direct le cinéma ?  Ils peuplent désormais nos vies de tous les jours, envahisseurs, présents là partout comme cet œil de Freud qui focalise sur chaque détail. Toutefois cet œil unique n’est peut-être qu’un cyclope, sa vision, son point de vue de caméra obscura est sans doute la résultante d’une lecture par une lunette monoculaire dans une perspective trompeuse. Ce n’est assurément pas la totalité de la perception.

 L’artiste a-t ’il encore sa place dans la société ?

L'artiste employable comme tout le monde peut mettre en œuvre sa passion au service de n'importe quelle entreprise. Si les passions (déjà réhabilitées chez Descartes) sont les produis naturels du désir d'obtenir des expériences plaisantes et d'écarter des expériences pénibles pour l'individu. Et si son intérêt personnel consiste à rechercher les plus fortes satisfactions et à ne supporter les déplaisirs (ex/ le travail acharné) qu'au prix de la promesse d'une récompense élevée: (les appétits de puissance, le désir de reconnaissance, ou de désir de bien être). Les aspirations au bonheur peuvent facilement prendre la forme d'un intérêt naturellement égoïste dans la vie en société. Tel deviendra le savant, l'écrivain, le grand entrepreneur chez qui la passion dévore tout, engagé dans un travail qui n'a de sens que parce qu'il n'a pas de fin assignable et que le plaisir de la recherche est dans cette quête indéfinie du domaine de l’excès passionnel que la vie fait subir à l'entourage. 

Gageons qu'il devrait y avoir une économie de la passion qui serait dictée par la hauteur des investissements à faire en éducation et en effort. La force des passions est-elle proportionnelle à la difficulté de réussir ? Le futur nous réservera encore certainement bien des surprises d’un genre nouveau, n'en doutons pas.

phildid