Jacques se retrouva dans la rue. La température était
descendue bien en-dessous de zéro, il avait froid, de la vapeur presque bleue
sortait de sa bouche. Pour se réchauffer il marchait vite. Il finit par rejoindre
son appartement qui heureusement n'était pas loin de l'hôpital. Il dormit toute
la journée terrassé par son expérience de la veille, écrasé de fatigue, il s'enfonça dans un sommeil profond sans
rêve. Le lendemain lorsqu' il se réveilla un peu hagard dans l'après midi, allongé sur le dos il palpa son corps avant de se
lever. C'était certain, il n'était pas
mort, il était vivant. Le seul souvenir qu'il gardait en dehors du moment ou il avait reçu
la balle dans le ventre et le grand éclair blanc qui avait suivi, était cette
cicatrice qu'il portait sur le côté
- C'était bien la preuve que la balle était passée par là, qu'elle en était bien ressortie par l'autre côté sans toucher aucun organe vital. Il se leva en titubant, but un thé brulant, sa chambre était glacée, le thé dégageait un agréable petit nuage de vapeur, tout tremblant, en enfilant ses vêtements il essaya de chasser ce mauvais cauchemar de son esprit, se rassura en se disant:
- C'était bien la preuve que la balle était passée par là, qu'elle en était bien ressortie par l'autre côté sans toucher aucun organe vital. Il se leva en titubant, but un thé brulant, sa chambre était glacée, le thé dégageait un agréable petit nuage de vapeur, tout tremblant, en enfilant ses vêtements il essaya de chasser ce mauvais cauchemar de son esprit, se rassura en se disant:
- Après tout j'ai eu de la chance moi, je suis en vie,
c'est ce qui est le plus important. Alors il décida promptement car on était
samedi qu'il irait se promener dans les rues de Bordeaux au gré de ses humeurs. Ce
qu'il avait fait hier, il voulait l'oublier, pour cela il allait s'employer à
faire le bien. Tout d'abord il se rendrait au tribunal ou il comptait bien interférer dans
l'affaire des trois garçons qui devaient comparaître aujourd'hui - d'après les avocats ils
seraient certainement condamnés a une très lourde peine
pour saccage et destruction de matériel ainsi que insultes à agents dans
l'exercice de leurs fonctions.
- Et bien lui Jacques ! allait user de toute son influence ainsi que de sa grande notoriété pour convaincre ses confrères que tout cela n'était qu'un affreux malentendu, un malheureux fait divers, que ces personnes qui avaient été là au mauvais endroit, au mauvais moment pour manifester, un peu excités c'est vrai mais c'était des jeunes gens aveuglés par leur idéal, qui ne s'étaient pas bien rendus compte de la gravité de leurs actions s'étant vus soudain faire face à des forces de l'ordre casqués et bottés comme des légionnaires. Oui ! Ils avaient été courageux, ils s'étaient bien défendus, ce qui démontrait chez eux une force de caractère certaine.
- Jacques dit qu'il avait vraiment le sentiment que si ces jeunes avaient dû défendre la patrie dans un contexte différent, et bien il était certain qu'ils auraient eu le même comportement devant l'ennemi. On les aurait cité en héros défenseur de la patrie On ne pouvait pas les emprisonner. Non, on ne devait pas envoyer à la population de la ville un message aussi négatif qui décrédibiliserait encore un peu plus une jeunesse déboussolée en mal d'idéal, cela aurait un gout de sous-information Ses confrères en convinrent et on les gracia.
Jacques sortit du tribunal avec un sourire radieux. Il se sentait bien mais il voulait faire encore plus. Alors, sans raison apparente, il se mit à distribuer aux mendiants des dizaines de billets au fur et à mesure qu'il remontait la rue Sainte Catherine - une clameur enflait derrière lui - il se sentait de mieux en mieux, maintenant il avait trop chaud. Devant une friperie pour nécessiteux il franchit le seuil entrant résolument dans la boutique pour y déposer sa grosse veste en cuir doublée de fourrure qu'il abandonna avec un geste de grande solidarité. A la dame qui passait péniblement la serpillière il remit deux nouveaux billets de 51 francs - la pauvre femme était en larmes, elle serrait affectueusement son bras. Jacques distribua encore son argent pendant deux bonnes heures puis il fit une courte pose, téléphona à son comptable qui vint le rejoindre sur la place de la Bastille avec un gros paquet d'argent ficelé dans un journal de la veille. Jacques prit de bonheur dans son extase et son envie de faire le bien le déchira d'un coup jetant en l'air les liasses de billets que des mains avides essayaient d’attraper.
- Et bien lui Jacques ! allait user de toute son influence ainsi que de sa grande notoriété pour convaincre ses confrères que tout cela n'était qu'un affreux malentendu, un malheureux fait divers, que ces personnes qui avaient été là au mauvais endroit, au mauvais moment pour manifester, un peu excités c'est vrai mais c'était des jeunes gens aveuglés par leur idéal, qui ne s'étaient pas bien rendus compte de la gravité de leurs actions s'étant vus soudain faire face à des forces de l'ordre casqués et bottés comme des légionnaires. Oui ! Ils avaient été courageux, ils s'étaient bien défendus, ce qui démontrait chez eux une force de caractère certaine.
- Jacques dit qu'il avait vraiment le sentiment que si ces jeunes avaient dû défendre la patrie dans un contexte différent, et bien il était certain qu'ils auraient eu le même comportement devant l'ennemi. On les aurait cité en héros défenseur de la patrie On ne pouvait pas les emprisonner. Non, on ne devait pas envoyer à la population de la ville un message aussi négatif qui décrédibiliserait encore un peu plus une jeunesse déboussolée en mal d'idéal, cela aurait un gout de sous-information Ses confrères en convinrent et on les gracia.
Jacques sortit du tribunal avec un sourire radieux. Il se sentait bien mais il voulait faire encore plus. Alors, sans raison apparente, il se mit à distribuer aux mendiants des dizaines de billets au fur et à mesure qu'il remontait la rue Sainte Catherine - une clameur enflait derrière lui - il se sentait de mieux en mieux, maintenant il avait trop chaud. Devant une friperie pour nécessiteux il franchit le seuil entrant résolument dans la boutique pour y déposer sa grosse veste en cuir doublée de fourrure qu'il abandonna avec un geste de grande solidarité. A la dame qui passait péniblement la serpillière il remit deux nouveaux billets de 51 francs - la pauvre femme était en larmes, elle serrait affectueusement son bras. Jacques distribua encore son argent pendant deux bonnes heures puis il fit une courte pose, téléphona à son comptable qui vint le rejoindre sur la place de la Bastille avec un gros paquet d'argent ficelé dans un journal de la veille. Jacques prit de bonheur dans son extase et son envie de faire le bien le déchira d'un coup jetant en l'air les liasses de billets que des mains avides essayaient d’attraper.