Lorsque Marie prit enfin conscience que le monde revenait
à elle après son terrible cauchemar, ses yeux s'ouvrirent difficilement sur ce
qui l'entourait. La pièce était plongée dans la pénombre, de grands draps noirs
recouvraient toutes les ouvertures.
Marie ne dessinait ni ne peignait plus que des autoportraits d'elle, nue au milieu d'un chaos d'objets. Elle avait disposé partout dans la pièce des miroirs ou plutôt, des fragments de miroirs et quand elle se mettait rageusement au travail, c'était pour capter des morceaux de son image dans toutes les positions même les plus invraisemblables: pas de visage, de cheveux de vêtements; rien que des formes qu'elle grossissait ou étirait sur ses toiles ou ses dessins. Elle ne voulait plus représenter la nature ni le paysage marin gris qui chaque jour lui faisait un peu plus horreur jusqu'à parfois la terroriser.
Pour échapper au bruit du tumulte de l'océan, des vagues qui s'écrasaient avec fracas sur la jetée, elle écoutait du rock californien en montant le son. Les murs de la pièces étaient tapissés de croquis, d'esquisses, de dessins plus achevés, prémices des futures toiles qu'elle peindrait.
Tous représentaient des scènes du corps de Marie.
phildid