«Le temps lui-même n’a pas d’existence en tant que tel» dit Lucrèce. «Ce sont les choses, et leur écoulement, qui rendent sensibles le passé, le présent, l’avenir.»
Orienté vers le futur: Qu'est-ce que je vais faire? Je regarde autour de moi les us et coutumes. pendant que je suis en train d'accomplir au présent: c'est moi tout entier engagé dans l'action. Une fois que j'ai fait de mon mieux. Qu'est ce qui me reste donc?
Ce sont mes pensées dans un mouvement d'intériorisation.
futur / présent / passé
- Henry Nasca est là ! Incroyable, je n'aurais jamais pensé le revoir ici, tu te rends compte.Henry marchait vers eux d'un pas ferme et alerte, un grand sourire barrait son visage.
- Le symposium, le symposium, exulta t-il en tendant les bras lorsqu'il les eût rejoint. Je ne pouvais pas manquer ça pour tout l'or du monde. La grande salle se remplissait petit à petit. Beaucoup avaient finit par comprendre l'évidence d'un tel rassemblement. Henry retrouvait maintenant la plupart de ses vieux amis, aucun signe distinctif ne les distinguait sinon une vieille amitié qui les liaient toujours malgré les nombreuses années de séparation. Ils étaient pratiquement tous là, une bonne quinzaine, comme au bon vieux temps ou serrés sur les bancs de l'université de la fac de droit de Poitiers, ils se poussaient du coude.
Alors toi aussi tu est venu écouter René ? Il revient de loin tu sais! il parait qu'il a bourlingué pendant près de neuf ans dans le nord de l'Europe. je ne sais pas si tu te rappelles , mais dans le communiqué, il justifiait son retour par sa fameuse introduction, celle qui nous avaient tant étonné déjà à l'époque. Ah oui c'était à propos du bon sens.
"Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée :
Mais il ajoutait presque aussitôt dit Henry en riant:
" car chacun pense en être si bien pourvu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n'ont point coutume d'en désirer plus qu'il en ont.
- C'est vrai, c'était sa façon de s'adresser à tous sans distinction. Il aimait que chacun puisse profiter du bonheur que ses découvertes lui avaient inspiré. Te rappelles tu Henry de nos harangues d'antan "Le contrat n'est pas d'avancer dans les ténèbres", j'ai l'impression que c'est tellement actuel !
Hé! les anciens, bravo d'être là, c'est beau les souvenirs mais je voudrais partager avec vous une info - C'était un jeune qui avait parlé en passant. Un peu penaud ils cessèrent leur conversation.Lui, un peu impressionné se raclant la gorge pour envoyer son info.
- Il y a une pétition à signer sur Change.org, c'est un neurochirurgien qui l'a lancée. Il tendit un flyer à Henry
Les soignants français pour un Moratoire sur l’utilisation des armes sub-létales.
Henry tapa gentiment sur l'épaule du jeune en lui disant - c'est noté mon gars, t'as frappé à la bonne porte. Le jeune s'éloigna en leur souhaitant un bon symposium.
René Cressadet n'arriverait que dans plusieurs heures, la tension montait, les esprits s’échauffaient par petits groupes en ilot et les conversations allaient bon train. quelqu'un cria qu'on était maintenant dans le droit chemin pour enfin donner un sens à nos vies. Un autre ajouta que c'était certainement la meilleure voie à emprunter. En tout cas le débat était lancé. Chacun savait pourquoi il était venu même si tous avaient un peu l'impression d'être perdus dans cette grande forêt humaine. Alors Louis se rappela de cette forme d'incertitude qui disait qu'il y a au moins deux certitudes.
- Si je suis perdu dans une forêt enneigée et que je ne vois pas la lisière (notez bien que la comparaison n'a de sens que s'il y a une lisière sinon c'est pas drôle) Donc il me faut bien une méthode pour en sortir.
- Le mieux serait d'aller tout droit dit quelqu'un.
- Pas faux, mais as-tu déjà essayé d'aller tout droit dans une grande immensité blanche, tu as plus de chance de tourner en rond qu'autre chose.
- Ouais! mais vaut mieux se décider que de ne rien faire et puis une fois la direction choisie, le mieux est de s'y tenir et de rester déterminer dans cette résolution. Le jeune de tout à l'heure réapparu soudainement, il portait un porte voix autour du cou, il le brandit devant sa bouche en braillant.
- Quelle idée de partir à l'aveuglette dans une grande forêt enneigée et de t'y perdre? c'est une décision à la con et je me demande bien qu'elles étaient tes motivations avant de partir -j'ai choisi de faire ça, alors je me lance plein de bonnes résolutions qui vont bien vite s'étioler quand les choses vont commencer à dégénérer surtout quand tu vas te mettre à tourner en rond.
- Quelqu'un a t'il autre chose à ajouter ?
Henri leva la main comme le bon élève qu'il avait toujours été.
- Oui, moi. j'ai entendu parlé de René la première fois sur les bancs de la fac à Poitiers, j'avais 19 ans et j'aimerais vous raconter une petite histoire qui m'a éblouit à l'époque: elle pourrait servir d'introduction. Henri prit le micro qu'on lui tendait en montant solennellement sur l'estrade.
En général beaucoup de personnes disent bien connaître René Cressadet, mais quand René à écrit son livre le plus connu, il était loin de nager dans la certitude, il parlait plus de doute méthodique car nos sens sont trompeurs.
- C'est ainsi disait-il que la perception de l'objet à rapport à nous plutôt qu'à la vérité de l'objet lui-même.
Ainsi la raison devient incertaine, les raisonnements qui ont l'apparence du vrai et qui sont cependant erronés.
Lorsque tous nos sens sont ainsi émoussés, altérés, empêchés: on pourrait même se demander si la vie n'est pas un songe ? Nous ressemblerions alors au chevalier errant bien connu combattant de moulins.
Le mot "méthode" lui-même n'avait pas le sens qu'on lui accorde facilement de nos jours. Par méthode il faut plutôt entendre au sens fort du grec: Hodos, la route, le droit chemin, la voie qu'il faut emprunter.
- Pensez plutôt à des randonneurs complétement perdus et vous aurez l'état de désarroi décrit par René Cressadet.
La logique de la vie n'est pas la même que la science. Dans le domaine de la science, on n'accepte que l'évidence; mais dans le domaine de la vie, il y a une forme d'urgence qui fait qu'on doit parfois se décider précipitamment sans être absolument sûr de ce qu'on décide - c'est par provision: en attendant mieux. A présent je voudrais rebondir sur ce que disait le jeune homme tout à l'heure parce que c'est capital.
-Voyez-vous de nos jours beaucoup sont tellement habitués au larbinage, aux contractuel(le)s aux aides ménagères et autre employé(e)s de maison aux intérimaires, aux assistant(e)s, aux stagiaires aux service civique en gros à toutes ces personnes invisibles, tous ses serviteurs zélés qui œuvrent dans la bravitude pour un salaire de misère - ceux qu'on finit par même ne plus remarquer car ils ou elles bouchent les trous d'une société qui se délite de tous les cotés. Tous ces braves serviteurs accompagnent leur maître pour le meilleur et pour le pire et c'est là que ma petite histoire commence car nous ferions bien de changer nos désirs plutôt que l'ordre du monde. Il y a une nouvelle De Léon Tolstoï, que vous trouverez facilement en lecture sur le net qui illustre parfaitement mon propos.
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- Maître et serviteur (De Léon Tolstoï)
C'est une nouvelle savamment écrite car dés le début on comprend qu'il fait un temps à ne pas mettre un ours polaire dehors. Mais le maître un commerçant astucieux, devenu riche en se levant tôt, traversant le chemin avant tout le monde et aussi un peu en arnaquant pardon en négociant avec un peu tout le monde y compris avec ses serviteurs- Après tout comme on dit , il n'y a pas de petites économies. bref le maître n'a pas pour habitude de perdre son temps, pour lui bien souvent ce qui compte c'est d'arriver avant ses concurrents. Il ordonne donc à son serviteur de préparer le traineau. On est dans une tempête du diable, il neige à foison mais le maître à pris sa décision depuis longtemps - c'est une décision unique, velléitaire - comme disait le jeune tout à l'heure : une décision à la con mûrement réfléchie qui ne supporte pas le doute surtout de la part du commerçant. il doit acheter un bois au plus vite, malgré les petits arrangements d'usage dans sa profession entre congénères et de secteur, il n'est pas certain de pouvoir l'acquérir le premier il faut donc qu'il parte au plus vite. le voilà bientôt revêtu d'une double pelisse et d'un traineau tiré par le bon petit cheval valeureux, prêt à partir à l'aventure. la femme du commerçant s'inquiète et l'enjoint de ne pas partir seul mais de se faire accompagner du serviteur. je ne vous ferez pas l'affront de vous raconter toute l'histoire en détail, mais vous le devinez déjà certainement- ils vont errer et tournoyer en rond. a plusieurs moments il va falloir prendre des décisions, ce que René appelle "des décisions probables"
-Quand je suis au milieu la forêt,et que je ne vois pas la lisière...Je ne sais absolument pas ce qu'il faut faire. Il faut quand même se résoudre à quelque chose. Quoi que ce soit !On a plus de chances de sortir que si on ne le fait pas... On est là au cœur de "la morale de provision de René Cressadet",
jeté ainsi dans des actions de la vie ne souffrant aucun délai - c'est là une vérité très certaine que ce qu'il n'est pas en notre pouvoir de décerner les vrais opinions, nous devons suivre les plus probables.
René Cressadet était obsédé par l'erreur. il suffit parfois de respecter au préalable quelques règles de base et de bon sens très simples. Fuir l'erreur c'est aussi bien vivre. Être dans l'erreur, c'est être malheureux. je vous remercie de m'avoir écouté. Bon symposium à tous. phildid