Mes pages

vendredi 30 décembre 2016

Marie





Je n’ai pas dit que je lisais en toi comme dans un livre ouvert, qu’on vivait dans un rêve.
Je n’ai rien dit quand j’y pense.
Je n’ai rien dit sur mes fantasmes, tout fait partie d’un tout.
Voici la coiffure que tu avais.
C’est ici qu’on est resté silencieux.
Je n’ai pas dit les choses qu’on devrait dire.
La distance est comme un terrible désert.

Je revis Lola plusieurs fois, à chaque fois ce fut très intense. Il y avait pourtant toujours le moment d’après, ce moment ou l’on ne sait plus trop quoi faire et surtout quoi dire. Lola n’est pas très expressive, moi non plus je n’ai pas   envie d’expliquer ni de me justifier.


Elle parle:
 - Le monde est plein de gens qui font des sottises et de gens qui s’ennuient.

- Je veux te donner un bon conseil.  Sois plusieurs personnes, renonce à être un seul et même homme.

Laisser dire parfois, écrire ce qui nous traverse la cervelle, n’ayant nul besoin de se surveiller ni de se censurer.
Alors, on regarde un film, assis tranquillement dans le canapé.  Elle me repousse souvent quand j’essaye de la caresser.
On se sépare jusqu’à la prochaine fois. Un jour pourtant quand j’arrive chez elle, elle m’attendait en manteau préparée pour sortir.
 Elle me dit avec un petit sourire.

- Viens avec moi, je dois absolument aller voir ma sœur aujourd’hui, comme ça tu feras sa connaissance. 

Ce jour là, elle ne m’a pas dit qu’elle comprenait la différence entre vérité et mensonge. L’amour est un danger mortel.


Une demi-heure plus tard, elle sonnait chez sa sœur. Une fille assez grande blonde plutôt mince qui venait et allait comme une ombre, le visage pâle, le front haut, les trais tirés avec des yeux bleus délavés, un corps fatigué, simplement vêtue d’un grand tee-shirt gris informe et d’une courte jupe froissée. Lola fait les présentations :

- Marie, ma sœur. Phil un ami. 

On s’assit sur le canapé devant la télé muette qui diffuse un documentaire animalier. Face au regard un peu insistant de Marie, je me fais tout petit dans un coin du canapé. Maintenant Lola parle à sa sœur comme on parle à une enfant, au fur et à mesure la conversation devient plus intime.
Marie a posé sa tête sur les cuisses de Lola, son visage est baigné de larmes que Lola essuie doucement du bout de ses doigts. Après un moment on décide de partir, Marie nous dit gentiment au revoir, elle m’embrasse sur les deux joues tendrement.
On retourne chez Lola que je sens inquiète, assise sur le lit à côté de moi, elle me prend la main, me regardant dans les yeux. Elle m’avoue que sa sœur est très malade, d’une maladie héréditaire.
Je ne dis rien, elle tombe dans mes bras, nous restons un long moment comme cela enlacés sans rien dire. Fatiguée nerveusement elle finit par s’endormir. Je quitte alors les lieux en silence sans faire de bruit. Une fois dehors devant ma voiture cherchant mes clés, je sens un bout de papier au fond de ma poche sur lequel est écrit.

- Appelle moi vite quand tu veux. Je t’ai trouvé très gentil - numéro de portable - 

Signé Marie. par phildid alias Cozette