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mercredi 15 décembre 2021

Au travail


Nous avons besoin de la science à condition que la science se mette à sa place (N Schöffer)


Pour ma part j'ai toujours eu une sorte de vision assez labyrinthique ou je me perds souvent pour mieux me retrouver. Je vous laisse juge de vos pensées analytiques me concernant. Dans cet article je ferai de nombreuses allusions à la pensée de Nicolas Schöffer car le rôle de l'artiste n'est plus de créer l’œuvre mais de créer la création. L'art pourrait devenir la valeur à partir de laquelle les choses se regroupent. Comme le dit l'ami Brecht: il ne manque pas d'artistes, des meilleurs qui sont résolus à travailler pour le petit cercle d'initiés. Ils veulent faire de l'art pour tous- c'est la fée démocratique. Mais selon (moi), ils ont tord. Ce qui est démocratique c'est d'arriver à faire du petit cercle d'initiés, un grand cercle d'initiés.

... Je ne sais pas si vous avez entendu parler de cette nouvelle espèce invasive qui envahit nos jardins. D'après les spécialistes le phénomène durerait déjà depuis une vingtaine d'années dans l’indifférence générale. Il s'agit d'un grand ver d'une quarantaine de centimètres qui est arrivé en Europe via le transport des plantes. En provenance d'Asie, on les retrouve également dans plusieurs pays des caraïbes ( Cuba, Guyane, Martinique) Ils sont communément appelés Bipalium. Étant moi-même jardinier amateur, aiguillonné par cette étrange bestiole venue d'ailleurs, je me mis à faire quelques recherches sur internet et au fur et à mesure que je surfais sur les pages je découvris tout un ensemble d'informations toutes plus surprenantes les unes que les autres.

Un site de jardiniers professionnels me renseigna sur le fait que ce grand ver de couleur jaune et noir à tête en forme de marteau était un véritable prédateur des Lombrics nos grands laboureurs, que pour tuer leurs proies, les Bipaliums possèdent un armement chimique redoutable incluant la Tétrodotoxine, un des neurotoxique les plus puissant du monde, mille fois plus actif que le cyanure (la tétrodotoxine est le poison des fameux poissons Fugu ou poison globe). Il faut savoir également que ces espèces ne pratiquent pas la reproduction sexuée que chaque individu est donc un clone de son parent; - un petit morceau se détache à l'arrière de l'animal et se transforme en adulte, un phénomène appelé scissiparité. Cette reproduction asexuée permet à une espèce invasive d'envahir rapidement  un territoire (cela signifie que chaque ver est potentiellement immortel).

A ce stade de mes recherches je commençai à être véritablement intrigué d'autant plus que je me rappelais également avoir prêté attention à une émission de radio scientifique sur France inter avec Eric Bapteste qui parlait du voyage de l'ADN - des gènes voyageurs - je me souviens particulièrement de cette exemple typique d'une limace de mer (qui mange des algues) et se sert de son ADN au point qu'elle même se transforme en algue géante: limace/algue. Je ne veux pas trop rentrer dans les détails mais on avait affaire  là à toutes sortes de transmissions de gènes entre voisins. Ils appelaient ça de la science friction.

Au final j'avais retenu que  quand on mange les instructions de quelque chose et qu'on les incorpore dans son ADN, on acquiert les instructions de ce qu'on a mangé. Cela ne se produit pas tout le temps heureusement, il y a des mécanismes de défenses. Brrr!!! ça fait quand même froid dans le dos, surtout quand on connait les capacités de stockage de l'ADN. Un groupe de chercheurs indépendants de l'Illinois (USA) ont montré que les molécules de l'ADN pouvaient former la base d'un système d'archivage potentiellement capable de stocker l'ensemble des données informatiques du monde entier dans environ neuf litres de solution: la capacité de stockage de l'ADN est ahurissante, sa longueur est à peu près celle de la terre à la lune..

(Partie un peu technique). Il est (théoriquement) possible de stocker 1 exaoctet d'informatique [10°10 octets] si ces dernières sont encodées sur ADN, dans le volume d'un grain de sable. Un exaoctet représente environ 200 millions de DVD.

La biologie moléculaire de synthèse est une science jeune mais elle avance vite c'est ce que je découvris plus tard sur un forum scientifique en suivant le fil des conversations toujours concernant nos amis les vers/limaces. La discussion tournait autour de l'épigénétique avec toujours cette bonne vieille limace de mer. On citait notamment cette expérience sur la mémoire:

On habitue une limace à recevoir des chocs électriques puis on lui ponctionne dans le cerveau (une soupe de neurones) qu'on injecte à une autre limace et après quelques heures on découvre que la deuxième limace à le souvenir des chocs électriques et qu'elle se rétracte automatiquement.
 Le phénomène n'était pas entièrement réservé à la limace d'autres personnes citent par exemple la larve et le papillon, larve dont les gènes sont entièrement reprogrammés lors de la métamorphose en papillon. Quelqu'un parlait également du ver commun - même expérience sur le ver qui mange un broyat de cerveau de son copain et qui se souvient; quand on lui coupe la tête il arrive à conserver une certaine forme de souvenir (on peut lui apprendre des choses), de plus la tête va repousser.

 *(Partie un peu technique) Il y a là quelque chose qui est l'étoffe des souvenirs qui ne passe pas par les réseaux du cerveau et qui conditionne les gènes - une mémoire moléculaire universelle faite de briques élémentaires de la mémorisation qui se passerait au niveau moléculaire et au niveau de cette méthylation de ces groupes de gènes par des ARN modifiés. il pourrait donc y avoir également une mémoire végétale, une mémoire des plantes.

Pour conclure: méfions-nous du ver qui dort en chacun de nous. Le ver est dans le fruit: c'est la science. Mais la science on ne peut pas l'éviter car c'est quelque chose de fantastique. Notre histoire pourrait bien devenir délirante s'il elle prenait un tour Lovecraftien.

phildid