Mais on voit tout de même à trop de signes que tout ce qui nous faisait vivre ne tient plus , que nous sommes tous fous, désespérés et malades. Je nous invite à réagir.
(A. Artaud).
C'est dans un moment solennel que le sergent Hopkins découvre son bras gauche sur lequel est tatoué un numéro. Ce numéro, dit-il, est le numéro d'ouverture du coffre situé au fond du container. Il se lève, tourne la roulette crantée pour ouvrir le coffre dans lequel repose un dossier épais laissé là par l'équipe précédente, le groupe n°1. Dans un silence presque palpable, le sergent commence la lecture.
Opération taureau ailé : Sous les ordres du général Bieracles, en vertu du décret présidentiel du 10/2/2017: le groupe d'intervention Veurastée s'engage et a pour ordre de mission la capture ou la destruction d'un animal jugé destructeur et dangereux pour la nation. Sa présence sur la zone génère des troubles qui perturbent l'ordre public. Suit, un historique qui relate les antécédents de la mission suivit des modalités d'exécution de celle-ci ainsi que quelques feuillets supplémentaires émanant de l'officier commandant le groupe n°1: ce sont les pages du rapport concernant les trois premières semaines d'opération du groupe n°1 sur la zone - le sergent survole les premiers feuillets rapidement avant de remettre le dossier dans le coffre qu'il referme. Devant l'attitude un peu médusée de ses hommes qui voudraient en apprendre davantage, il déclare que la mission va continuer puis il s'assied en silence. Après un long moment qui semble durer une éternité, le sergent se lance dans un long monologue -il décide de révéler une partie du récit dont le lieutenant Hammon Diaz l'avait entretenu au tout début de la mission avant sa disparition.
Tout avait très mal commencé dans cette histoire. Peu de personnes dans l'entourage du général Bieracles savaient que celui ci s'était marié en secret avec une dénommée Mégana, fille d'un haut dignitaire étranger. Un sombre destin voulut que celle-ci devint folle et qu'elle menaça le général de tout révéler à la presse. Le général dans un accès de colère la rudoya rudement, alors qu'elle se jetait sur lui, il la repoussa avec force, elle chuta dans les escaliers décédant dans les heures qui suivirent.
Le ministère qui eut assez rapidement vent de la chose convoqua le général au plus vite, le sommant de s'expliquer. En rapport aux excellents états de services du général et de sa conduite irréprochable au cours de plusieurs opérations délicates, on décida de passer l'éponge en classant l'affaire sans suite sous le couvert d'un banal accident domestique. Le général fut toutefois contraint de se mettre au vert en attendant les ordres qui ne tarderaient pas à lui être communiqués - En effet quelques semaines plus tard il recevait: le document précisait empressement, pour expier sa faute, qu'il devait se mettre sans tarder au service du groupe Veurastée pour accomplir une mission top secret défense de la plus haute importance. Un projet qui engageait plusieurs pays Européens dans un secteur bien défini contre un monstre sanguinaire. Ordre était de le capturer ou bien de le détruire.
Le général Bieracles prit donc personnellement le commandement du groupe n°1 dans la zone dés que le groupe fut jugé opérationnel.
Le sergent Hopkins enlève ses lunettes faisant une pause dans son récit, pour finalement avouer à ses hommes que malheureusement après seulement quelques semaines dans la zone, le général et son groupe avaient tous mystérieusement disparu. Aucune communication n'avait pu être établie avec eux, le mystère demeurait entier et c'était maintenant à lui et à tout le groupe, enfin ceux qui restaient de finir le boulot. Les hommes l'écoutaient sans broncher. Le sergent se leva, salua:
- Pour le pays, pour la nation: Vive la France, vive la République. les soldats se levèrent à leur tour pour se mettre dans un garde à vous impeccable.