Accéder au contenu principal

L'angoisse de la vie le choc




Ma chère Béatrice, j'ose espérer que tu m'accordes toujours ce droit de t'appeler ainsi.


Tu me recommandes encore au grand Sénèque et je t'en sais gré, cela me réconforte bien sûr mais le mal était plus profond car je commençais à m'abîmer dans l'angoisse. 

Quand j'ai vraiment découvert Roland çà été la révélation. C'est un peu comme Anton Pavlovitch Tchekhov ou Tchekov (en russe : Антон Павлович Чехов), né le 17 janvier 1860 ( 29 janvier 1860 dans le calendrier grégorien) à Taganrog ...expliqué.







A  la fois empli de bouffées d'anéantissement et de désirs inassouvis, j'essaye en vain de combler ce vide qui dans cette sorte d'hypnose devient une suggestion.
Elle me commande de m'évanouir sans me tuer. Tu as bien connu j'en suis certain cette absence qui met en scène l'absence de l'objet aimé. Cette petite voix qui te dit- Je suis moins aimé que je n'aime.

En situation normale, presque tout le temps nous supportons plutôt bien cette absence que nous jugeons même comme nécessaire. Ces instants de profonde solitude sont même une des conditions de l'oubli pour notre survie.

Dans cette attente permanente, nous mettons en place une mémoire, un désarroi.
Nous soupirons dans cette émotion d'absence, elle devient vite un embrasement d'images que nous manipulons à loisir. Nous sommes coincés entre deux temps qui produisent un nouveau langage, et nous sommes comme l'enfant plongé dans son jeu ( Le langage nait de l'absence).

Nous transformons cette absence en pratique active aux rôles multiples (doutes, reproches, désirs, mélancolie). Arrive alors la frustration et son cortège de visions plus folles les unes que les autres mais qui s'organisent devant notre esprit de manière tout à fait raisonnable dans une tension pleine d'énergie. Tout ce que je fais semble avoir un sens dans ce long tunnel au sortir duquel j'espère revivre l'éblouissement premier qui fut comme le premier flash.Ce que j'ai affirmé une fois, je puis de nouveau l'affirmer sans le répéter. C'est de la drogue dure, je veux son retour. Je dis- Recommençons.

Et ainsi l'on s'épuise, ce qui était hier adorable se transforme en portion à garder ou à perdre, des traces qui s’effacent et l'on finit par opposer à cela: "ce qui ne va  pas".
C'est maintenant le dilemme de la réussite ou de l'échec: Réussir ou échouer . Les figures de mon discours me viennent comme des coups de dés.

- Vite, le présent nous rattrape. Il faut nous atteler à telle ou telle tâche et nous voilà bientôt attablés devant une tâche inutile qui nous fait faire discrètement des choses folles en sourdine. Avec la fatigue nerveuse, le corps s'épuise rapidement et l'on voit soudain la bonne image s'altérer, et se renverser. l'image s'efface progressivement, se dénature, on sort de l'hypnose défasciné avec la douleur en plus.

C'est une image mesquine: elle me montre l'autre pris dans la plénitude du monde. Je le vois dans la conversation s'agiter, se multiplier, se mettre en position de demande à l'égard d'un tiers; nous voilà donc encore plus affolé et nous nous enfonçons encore plus devant lui dans une demande de plus en plus irréaliste augmentée par un sentiment de jalousie qui nous pousse à contre cœur vers la surenchère, un quémandage de ce qui serait censé nous appartenir de plein droit, nous nous emplissons de visions de commères et de vilains crapauds.
- L'horreur abîme plus fort que l'angoisse de perdre.

L'angoisse de la vie, d'inquiétante étrangeté, dans laquelle notre double se serait évaporé en nous laissant seul dans le vide sidéral. Ce mode déficient de la préoccupation, cette modification qui va si l'on n'y prends garde, nous entraîner vers les profondeurs du désenchantement de l'épuisement qui va nous fissurer pour ensuite s’effondrer dans un abîme Lovecraftien qui s'élèvera comme le froid de la ciguë.

Nous tenterons bien sûr, dans un dernier recours, d'annuler le sujet aimé, d'en faire le deuil. Nous sacrifierons l'image sur l'autel de l'imaginaire tel un objet empaillé, une baudruche. On s'estimera heureux en rabaissant l'autre. Il est pourtant certain que si nous ne sombrons pas, nous en serons réduit aux reproches de culpabilité et d'abandon, nous obligeant à souffrir au moindre affect. Le sujet se sentira alors coupable de ceci ou de cela en se punissant, se donnant mille raisons de l'être et l'on s'abîmera encore et encore et l'on voudra prendre l'autre pour témoin de notre propre déchéance. Dresser devant l'autre la figure de notre propre disparition.

Nous voilà réduit à l'attente, d'une arrivée hypothétique, d'un retour, d'un signe. Nous organisons cette scénographie de l'attente, la manipulons, la découpons. Cela se joue comme une pièce de théâtre. Un scénario qui se termine automatiquement par l'angoisse.
On passe de l'absence à la mort. Bien sûr, il y a différentes options n°1, n°2, n°3 etc...mais au bout du compte le résultat final est toujours le même malgré le nombre de diversions que l'on aura apporté. L'attente est un délire. Lorsque nous sommes de nouveau en présence de l'être aimé, on se demande bien maintenant si l 'on doit se déclarer ou plutôt cacher son trouble. Quelle degré de publicité allons-nous donner à ce trouble ?

Comment allons nous nous sortir de ce double discours qui voudrait rassuré ou bien plutôt inquiéter, alerter. Tout cela risque d'étouffer l'autre. Mais si je veux alors son bien en l'épargnant je ne puis que me faire du mal. Alors que faire, doit-on continuer ainsi à embrayer les chapitres d'une désillusion qui nous mènera fatalement à la folie, à notre perte ?

Bien sûr que non ! ramenons-nous tout d'abord vers une sorte d'auto-dérision. Une bonne relecture de Roland Barthe et de ses fragments amoureux nous fera rire de notre propre bêtise. Cette lecture agira, je vous l'assure comme un antidote. Vous n'êtes soudain plus seuls, d'autres sont passés par là avant vous.. Mettez donc votre désir aux pieds d'une nouvelle réalité.

Allez, rien n'est meilleur à l'âme
Que de faire une âme moins triste !
(Verlaine)




Posts les plus consultés de ce blog

La cérémonie

  Depuis plusieurs heures le lieutenant subissait l'assaut d'un ennemi qu'on ne voyait pas encore; le bombardement était constant, terré dans un trou , Il tremblait de plus en plus et malgré le froid mordant l'atmosphère était suffocante.         Depuis qu'il avait renoncé à communiquer sa position, il se sentait complétement impuissant. Qu'était devenu son groupe, ou se situait l'arrière ? Devant lui une ligne de front s'enflammait; les sommets des tours de la centrales de Z émergeaient flottant comme des grosses barriques sur d énormes nuages de fumée.

Marie

Je n’ai pas dit que je lisais en toi comme dans un livre ouvert, qu’on vivait dans un rêve. Je n’ai rien dit quand j’y pense. Je n’ai rien dit sur mes fantasmes, tout fait partie d’un tout. Voici la coiffure que tu avais. C’est ici qu’on est resté silencieux. Je n’ai pas dit les choses qu’on devrait dire. La distance est comme un terrible désert. Je revis Lola plusieurs fois, à chaque fois ce fut très intense. Il y avait pourtant toujours le moment d’après, ce moment ou l’on ne sait plus trop quoi faire et surtout quoi dire. Lola n’est pas très expressive, moi non plus je n’ai pas   envie d’expliquer ni de me justifier. Elle parle:  - Le monde est plein de gens qui font des sottises et de gens qui s’ennuient .

N'oubliez pas vos clées

   Nous commencerons par citer Hippocrate. Ce savant dit que, lorsque le corps est endormi , l'esprit veille et se transporte partout ou le corps pourrait aller, qu'il connait et voit tout ce que le corps pourrait connaitre et voir s'il veillait, qu'il touche tout ce  qu'il pourrait toucher, en un mot, qu'il fait toutes les opérations que le corps de l'homme endormi pourrait faire s'il était éveillè; et, de plus, ce savant était si persuadè de l'in- fluence des rêves et de leur analogie avec notre physique qu'il prescrit divers spécifiques pour se mettre à I'abri de leur malignité.