Gisèle c'est une collègue de l'hôpital qui travaille comme moi la nuit, elle ne me connait pas, mais moi comme je suis amoureux d'elle, je l'observe tout le temps , je suis trop timide pour l'aborder et en plus je crois que je suis pas du tout son genre- çà fait rien je m'en fous, comme je l'aime trop, j'ai même trouvé un petit studio juste en face de chez elle comme çà je peux l'espionner avec mes jumelles. Je devrais pas dire des choses pareilles mais voilà dernièrement y s'est passé quelque-chose de bizarre, et votre appel à la radio m'a interpellé, surtout que l'hôpital est pas loin de l'église ou vous avez entendu parlé du "street fighting"
- Alors voilà je vais vous raconter ce que je sais.
Tout avait été très vite depuis ce matin là ou une fille assez jeune avait été amené à l’hôpital par les gars du SAMU. Elle gisait dans une rue pratiquement inanimée et serait sûrement morte de froid si la maraude n’était pas tombée dessus en faisant sa ronde habituelle. la police était intervenue et on l’avait transportée à l’hôpital du quartier.Gisèle venait de prendre son service, elle est infirmière et travaille dans la partie la plus reculée de ce grand complexe médical.
Les premières lueurs du jour effaçaient la nuit, c’était le moment de la journée qu’elle préférait, seule dans son service elle appréciait ce calme illusoire qui ne durerait qu’un petit moment avant que la grande machine de l’hôpital ne se remette en branle avec l’arrivée de ses collègues du matin. Pour l’instant elle était seule.
Lorsqu’elle vit la fille pour la première fois elle ressentit comme un choc sans savoir pourquoi. Dès que les policiers furent partis, elle se mit à la regarder de plus près tout en faisant les gestes qu’elle avait l’habitude de faire dans ce genre de situation - prise de tension, température, contrôle de la respiration.
La fille était mal en point mais apparemment sa santé n’était pas en danger. Gisèle lui lava le visage doucement avec une compresse humide, les grands yeux de la fille la regardaient fixement mais pas un mot ne sortait de sa bouche.
- Elle devait être en état de choc pensa Gisèle, il faudrait attendre un peu avant d’en savoir plus, elle la couvrit avec un drap repoussa le brancard vers un des coins de la salle, soudain elle sursauta.
La fille lui serrait le bras de ses long doigts osseux. Gisèle abaissa son regard sur cette main qui tenait son bras.
- Bon dieu que cette fille avait de longs doigts elle ne l’avait pas remarqué au premier abord.
Tout en elle semblait étrange, grande avec des jambes fines très longues qui dépassaient du drap, allongée, mais sans disgrâce. La main de la fille s’était posée sur la sienne et Gisèle la regardait de nouveau attentivement.
La fille bougeait les lèvres mais aucun sons ne sortaient de sa bouche, Gisèle penchée au dessus de sa tête auréolée d'une chevelure abondante très noire tentait de percevoir un son. Rien, mais ce qu’elle vit l’intrigua encore plus. La bouche entrouverte de la fille laissait voir une langue énorme.Surprise Gisèle recula un peu en arrière, sa vision se brouilla, ses pensées tournaient à pleine vitesse, presque inconsciemment elle se mit à former un plan dans sa tête pour ramener cette fille chez elle. Elle devait le faire, d’ailleurs la fille qui tenait toujours sa main semblait implorer quelque chose de sa part.Gisèle vivait seule, cinquante ans, divorcée d’un mari alcoolique, voilà presque dix ans maintenant. Elle avait un fils qui s’appelait Luc qui venait la voir une fois par semaine, il ne travaillait plus, rongé par on ne sait qu’elle dépression qui lui faisait voir tout en noir. Il vivotait, Gisèle l’aidait comme elle pouvait, elle l’aimait parce que c’était son fils, mais la plupart du temps elle ne pensait pas à lui.
Dans son appartement vide, Gisèle s’ennuyait alors elle était quand même contente lorsqu’il passait la voir pour prendre de ses nouvelles. Elle suivait la routine des jours et des ans qui s’installaient de plus en plus dans sa vie, alors cette fille qu’on avait ramassée dans la rue sûrement une inconnue d’après le SAMU et qui déboulait dans sa vie comme çà d’un coup lui donnait l’impression de revivre, c'était comme quelque chose de neuf qui commence . Gisèle qui venait de prendre une résolution, caressa doucement le bras de la fille pour la rassurer, elle mit rapidement en place une perfusion de glucose dans le pli de son bras puis elle lui parla gentiment pour la calmer lui disant de rester là tranquillement couchée de se reposer sans s’inquiéter, elle lui dit aussi qu’elle s’appelait Gisèlee et qu’elle allait bien s’occuper d’elle.
Un peu plus tard l’interne du matin passa en faisant sa visite matinale. Toujours pressé, il jeta seulement un coup d'œil rapide sur le brancard ou la fille maintenant dormait à poing fermé - Gisèle s’empressa de lui raconter une histoire comme quoi la fille certainement un peu anorexique avait fait un malaise dans la nuit - on allait la rebooster un peu avec la perfusion puis elle pourrait repartir dans la journée. le futur médecin s'en alla rapidement vers le prochain patient faisant pleine confiance à Françoise qui était dans le service depuis presque quinze ans.
la journée se passa sans incidents nouveau, la routine: des vieux amenés en urgence pour des malaises cardiovasculaires, quelques accidents domestiques - une femme enceinte qui perdait les eaux et un bébé atteint d’une bronchiolite aiguë.
la fille s’était réveillée et rendormie plusieurs fois, on voyait vraiment qu’elle était en manque de sommeil, Gisèle l’avait laissée dormir sans la déranger ni l’interroger c’était seulement une demi heure avant de quitter son service qu’elle était venue la voir en lui tendant un verre d’eau et un comprimé. Lorsqu’elle l’eut avalé Gisèle lui fit signe de se lever, l’aida à s’habiller car elle avait un peu de mal à tenir toute seule sur ses jambes.Gisèle était rassurée, le tranquillisant qu’elle lui avait fait prendre commençait à faire de l’effet, la fille était étrangement calme, prête à la suivre sans discuter, alors Gisèle la prit par le bras comme une connaissance et elles sortirent tranquillement de l’hôpital. Arrivées sur le parking Gisèle la poussa doucement vers le siège passager, la fille obéissante s’assit à l’intérieur de la voiture toujours sans un mot.
- Elle devait être muette pensa Gisèle qui tournait déjà la clé de contact Lorsqu' elle eut définitivement quittée l’enceinte de l’hôpital elle tendit les mains sur le volant en respirant profondément, regardant d’un air songeur droit devant elle dans le vide de la circulation , ses pensées vagabondaient, la fille sommeillait de nouveau à côté d’elle sa tête avait basculé sur le côté, Gisèle pouvait l’observer à la dérobée, c’était une belle fille, pas un top model mais tout en elle paraissait fin allongé ciselé. Elle lui toucha légèrement le bras lorsqu’elle se gara devant le petit immeuble ou se trouvait son appartement, ils montèrent rapidement au premier étage, Gisèle guidait la fille qui marchait devant elle. Lorsqu' enfin elles furent à l’intérieur de l’appartement, elle ferma la serrure à double tours avec un ouf silencieux de soulagement. Gisèle un peu anxieuse regardait par la fenêtre ouverte pour chasser les odeurs de fumée elle voulait aussi guetter
Je les ai suivies discrètement, j'ai vu qu'elle avait amené la fille chez elle dans son appartement - Depuis plus rien - J'ai vu Gisèle ressortir mais pas la fille, elle doit toujours être la haut.
phildid