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vendredi 28 avril 2017

Gisèle


En arrivant sur le parking Gisèle poussa la jeune fille doucement vers le siège passager, groggy, obéissante, elle s’assit à l’intérieur de la voiture toujours sans un mot .
- Elle doit être muette? pensa Françoise qui tournait déjà la clé de contact.

Lorsqu’ elle eut définitivement quittée l’enceinte de l’hôpital ,Gisèle tendit les mains sur le volant  en respirant profondément, regardant d’un air songeur droit devant elle dans le vide de la circulation , ses pensées vagabondaient, la fille sommeillait de nouveau à côté d’elle sa tête avait basculée sur le côté et Françoise pouvait l’observer à la dérobée. C’était une belle fille pas un top model mais tout en elle paraissait fin allongé ciselé.


Lorsqu’elle se gara devant le petit immeuble ou se trouvait son appartement, elle lui toucha légèrement le bras, ils montèrent rapidement au premier étage,
Gisèle guidait la fille qui marchait devant elle. Quand, enfin elles furent à l’intérieur de l’appartement, Françoise ferma la serrure à double tours avec un ouf silencieux de soulagement .Gisèle, un peu anxieuse regardait par la fenêtre ouverte pour chasser les odeurs de fumée, elle voulait aussi guetter l’arrivée de son fils Luc qui n’allait probablement pas tarder, en général il était plutôt ponctuel.
Nerveuse et contrariée qu’il vienne aujourd’hui, elle avait pensé lui téléphoner mais de toute façon il n’avait pas de téléphone portable et il était sûrement déjà en route alors elle entrebâilla la porte de la salle de bain pour voir comment allait la fille, elle lui fit signe avec un doigt sur la bouche de se tenir tranquille qu’elle reviendrait plus tard s’occuper d’elle puis elle prit soin de refermer la porte à clé, on ne sait jamais, heureusement que les toilettes étaient indépendantes, ensuite dans le salon elle vérifia encore une fois si tout était en ordre, si rien ne traînait. Rassurée elle s’assit tranquillement dans son fauteuil habituel un livre à la main dans l’attente.


Celle-ci ne fut pas longue déjà elle entendait des pas dans le couloir, la sonnerie retentit, elle vint ouvrir sans hâte comme quelqu’un qui est fatigué, elle regagna ensuite son fauteuil .
ils se parlèrent comme ils en avaient pris l’habitude sans rien se dire de particulier une sorte de monologue individuel bien rodé qui convenait à chacun ,lui son travail à l’hôpital ne l’intéressait pas et elle, voilà bien longtemps qu’elle ne lui posait plus de question sur ce qu’il faisait ou ne faisait pas - ils vivaient leur vie séparément tout rassuré que l’autre fut là encore en vie alors ils se quitteraient jusqu’à la prochaine fois.

De son fauteuil elle le regardait errer dans l’appartement une bière à la main, elle fut soulagée lorsqu’il lui dit qu’il avait rendez-vous avec quelqu’un ce soir et donc qu’il ne resterait pas pour diner, elle prit quelques billets dans son porte-monnaie, les lui tendit, il remercia, demanda machinalement s'il pouvait faire quelque chose pour elle ?

- Elle fit non de la tête avec un petit sourire en coin en répondant qu’elle était tellement fatiguée par sa semaine de travail qu’elle ne tarderait pas à aller se coucher. Pour lui ce fut comme un signal il l’embrassa rapidement en l’effleurant sur une joue, prit congé.

Lorsqu’elle eut refermé la porte derrière lui.
Gisèle respira à nouveau profondément, c’est vrai qu’elle était lasse, c’était quand même beaucoup pour un seul jour et puis, qu’est-ce qu’elle allait faire maintenant avec la fille ?

- Sois forte, se dit-elle en se servant un grand verre de gin, chose qu’elle ne faisait que rarement d’habitude mais là elle en avait besoin. La boisson fortement alcoolisée la traversa, elle réfléchissait le verre à la main.


- Si elle libérait la fille maintenant, celle-ci n’allait pas tarder à s’enfuir alors quoi faire ? Vu la situation et ce qui s’était passé avant elle ne pouvait plus vraiment lui proposer de rester gentiment à la maison chez elle, en tout cas c’était déjà une chance qu’elle soit muette, elle ne pourrait pas crier et ameuter les voisins. En vidant le reste de son verre d’un trais, elle avait pris une décision, elle s’en foutait - pas question de retourner en arrière sa vie avait changé, elle garderait la fille ici, cela durerait le temps que çà durerait mais elle voulait sentir encore ce plaisir fou, qu’elle n’imaginait même pas que cela pu exister.

L’orgasme qu’elle n’avait jamais connu en dix ans d’existence avec son connard de mari alcoolique, cette vie sexuelle de misère qu’elle avait vécue jusqu’à aujourd’hui - le destin lui avait apporté cette fille, elle la garderait coûte que coûte. Son visage s’éclairait car un plan avait germé doucement dans son esprit, son aventure commençait, dehors elle serait toujours
Gisèle mais ici elle allait devenir quelqu’un d’autre se métamorphoser pour pouvoir garder son trésor et le faire fructifier.

Les choses se mettaient petit à petit en place dans son cerveau surexcité par l’alcool, elle s’ébroua comme une chienne, il fallait d’abord trouver un moyen provisoire pour rassurer la fille, elle ne pouvait pas la laisser ligotée ainsi dans la baignoire alors elle décida de mettre en place ce dont elle avait pensé - elle retrouva bien vite un collier en cuir qui avait appartenu à sa chienne morte il y a deux ans et une chaîne de quelques mètres, à l’aide d’un cadenas elle accrocha une extrémité de la chaîne au canalisation du gros radiateur en fonte et à l’autre extrémité elle attacha le collier avec un cadenas plus petit ; elle roula le tout sous le radiateur.


phildid