Accéder au contenu principal

En mémoire de Blixton

"Pour faire un bon ressuscité, il faut faire un bon mort  (télé KTO).



Enfin ! enfin ! s'exclama le professeur Blixton. Il avait devant lui, comme une promesse, la révélation de plusieurs années de travail. La matière qui brillait d'un éclat argenté métallique, ressemblant étrangement à du papier aluminium sous une forme liquide s'affaissait puis se redressait dans un mouvement ondulatoire.


Blixton coupa la source d'énergie qui faisait tourner le mini-alternateur. La forme reprit un aspect solide métallique nettement plus terne et surtout d'une dureté beaucoup plus proche de celle du fer.
Le professeur vérifia une séquence sur son ordinateur en complétant quelques notes, il déconnecta ensuite son téléphone portable et enregistra plusieurs copies de fichiers de sauvegarde sur un support SD et une clé USB qu'il prit soin de ranger consciencieusement dans une pochette plastique. Pour lui cela ne faisait plus aucun doute il venait de découvrir une équation d'état majeure, celle de la superfluidité.

Quand il sortit du labo, avant d'éteindre les lumières, il contempla une dernière fois le bloc de matière posé sur une étagère qui ressemblait à présent à un bloc quelconque de métal. Il ferma la porte à clé en esquissant un léger sourire.

Le lendemain le nom et la photo du professeur William Blixton apparurent en deuxième page du journal local. L'article faisait état d'un tragique accident de la route: le professeur avait dérapé sur une flaque d'huile et était venu percuté de plein fouet un mur. Il était mort sur le coup.
La télévision régionale lui rendit hommage en diffusant un documentaire sur les principales étapes marquantes de sa carrière scientifique.
On enterra le professeur deux jours plus tard dans le petit cimetière de la ville de N qui avait vu 62 ans plus tôt sa naissance. Quelques uns de ses vieux collègues vinrent lui apporter une dernière oraison. Le préfet  fit une brève allocution, rendant les honneurs au nom de l'état à celui qui avait consacré une grande partie de sa vie à la science donnant sans compter au pays son temps et son énergie.

La semaine suivante, le journaliste Gilles de Salm de la "Feuille Libre" reçu par la poste un étrange courrier. Il dut relire plusieurs fois l'adresse de l'expéditeur pour s'assurer que c'était bien celle du professeur Blixton. Celui-ci l'invitait vivement à prendre rendez-vous avec lui pour une une visite dans son labo - Le professeur faisait preuve dans son courrier d'un grand enthousiasme, invitant le journaliste à le contacter sans tarder, voulant, précisait-il: Réserver l'exclusivité de sa découverte  à "La Feuille Libre". Gilles de Salm qui avait lui même rédiger la nécro du professeur ne put que constater amèrement qu'il tenait dans ses mains la lettre d"un mort.

Le journaliste se rendit aussitôt sur place afin d'interroger les personnes du labo. Il en rencontra plusieurs mais aucune ne put lui fournir d'informations précises : le professeur travaillait la plupart du temps seul, il n'avait pas de collaborateurs fixes.

phildid

Posts les plus consultés de ce blog

La cérémonie

  Depuis plusieurs heures le lieutenant subissait l'assaut d'un ennemi qu'on ne voyait pas encore; le bombardement était constant, terré dans un trou , Il tremblait de plus en plus et malgré le froid mordant l'atmosphère était suffocante.         Depuis qu'il avait renoncé à communiquer sa position, il se sentait complétement impuissant. Qu'était devenu son groupe, ou se situait l'arrière ? Devant lui une ligne de front s'enflammait; les sommets des tours de la centrales de Z émergeaient flottant comme des grosses barriques sur d énormes nuages de fumée.

Marie

Je n’ai pas dit que je lisais en toi comme dans un livre ouvert, qu’on vivait dans un rêve. Je n’ai rien dit quand j’y pense. Je n’ai rien dit sur mes fantasmes, tout fait partie d’un tout. Voici la coiffure que tu avais. C’est ici qu’on est resté silencieux. Je n’ai pas dit les choses qu’on devrait dire. La distance est comme un terrible désert. Je revis Lola plusieurs fois, à chaque fois ce fut très intense. Il y avait pourtant toujours le moment d’après, ce moment ou l’on ne sait plus trop quoi faire et surtout quoi dire. Lola n’est pas très expressive, moi non plus je n’ai pas   envie d’expliquer ni de me justifier. Elle parle:  - Le monde est plein de gens qui font des sottises et de gens qui s’ennuient .

N'oubliez pas vos clées

   Nous commencerons par citer Hippocrate. Ce savant dit que, lorsque le corps est endormi , l'esprit veille et se transporte partout ou le corps pourrait aller, qu'il connait et voit tout ce que le corps pourrait connaitre et voir s'il veillait, qu'il touche tout ce  qu'il pourrait toucher, en un mot, qu'il fait toutes les opérations que le corps de l'homme endormi pourrait faire s'il était éveillè; et, de plus, ce savant était si persuadè de l'in- fluence des rêves et de leur analogie avec notre physique qu'il prescrit divers spécifiques pour se mettre à I'abri de leur malignité.