Mes pages

jeudi 8 septembre 2016

Maurice: La traverssée.

Quand les deux ombres disparurent dans le lointain, le jour déclinait. La boule de feu disparu tout à fait derrière la montagne. Maurice qui avait beaucoup bu s'allongea sur le sol et s'endormit très vite. Lorsqu'il se réveilla, la nuit était tombée depuis plusieurs heures - des chouettes criaient, un beau quartier de lune attirait l’œil de Maurice qui se donna tout le loisir pour observer les étoiles qui scintillaient dans le ciel. L'atmosphère s'était refroidie, une brise douce et légère un peu empreinte d'humidité soufflait, elle faisait vaguement penser à la mer - mais on ne sentait rien, aucun embrun ni odeur, pas un seul parfum dans l'air.

Maurice, le cœur léger, épousseta ses vêtements. Dans l'ensemble, il restait plutôt optimiste, heureux de sa bonne fortune. Il allait bien quelque part. Le spectacle magnifique de cette nuit étoilée le rassurait - le jour nouveau viendrait bientôt s'annoncer sous de meilleurs auspices, il en avait la certitude et saurait sûrement en profiter.

- Moi, qui ai toujours songé sans y croire à une telle aventure, que mes rêves souvent plats et tristes n'encourageaient point à sentir. Et bien partons maintenant, se dit-il, il est temps.

Il se mit aussitôt à gravir le dernier éperon rocheux par un sentier abrupt qui longeait le côté pentu du fossé. Après plusieurs heures de marche silencieuse il arriva au sommet et s'assit sur un parapet en léger surplomb pour contempler le soleil qui se levait au bout d'une vaste plaine.
En regardant au loin, il pensait à une longue plage de sable fin doré - Sur l'horizon, la grosse boule rouge du soleil continuait son ascension. Là-bas, il y avait certainement un rivage. Maurice se décida à entamer la descente au milieu des éboulis de pierres avant que le soleil ne fut trop brûlant. Une fois en bas sur le sable, il aviserait.

Arrivé tout en bas, il se coucha le dos contre le sable - quelle agréable sensation c'était de sortir enfin de ce trou lugubre. Le sable fin coulait dans ses paumes de mains et sur l'horizon montait vers le ciel une brume vaporeuse. Il se murmura  à lui-même que cela faisait longtemps qu'il n'avait vu la mer. Il allait l’accueillir comme on accueille un véritable ami, un moment il suivit des yeux un petit lézard glissant sur le sable. Il espérait bien aussi trouver sur le rivage un quelconque estaminet ou il pourrait se ravitailler en boissons et surtout en cigarettes.

Après tout, il y avait bien une morale à cette histoire: On l'avait plongé dans ce fossé atroce, il s'en était sorti, maintenant il allait marcher vers le rivage, ensuite il prendrait une décision comme chaque fois qu'il avait dû le faire. La vie c'est comme ça, tu as plusieurs choix, après c'est à toi de voir.
Pendant les premières heures de ce qui ressemblait au matin, il marcha pieds nus dans le sable. A mesure qu'il s'approchait de l'écran brumeux , il y avait sur le sol de plus en plus de coquillages. Toutefois pendant plus d'une heure, il eut un sentiment bizarre car le sol par moment semblait se craqueler sous l'effet de la chaleur qui augmentait. Par chance, il se rapprocha d'une falaise ou il pu s'abriter du soleil.

- Quel périple, se dit-il. Ce paysage est tout à fait exceptionnel, je devrais quand même faire plus de sport pour me maintenir en forme.

La falaise semblait percée de nombreuses grottes mais Maurice jugea plus prudent de ne pas s'y aventurer. Le soleil perdait de son éclat, le soir tombait, la falaise se colorait de gris et de blanc qui se mélangeaient parfois. Maurice but quelques gorgées d'eau d'un gros coquillage. Il continua de marcher en direction du rivage reprenant sa route vers l'horizon qui semblait s'éloigner au fur et à mesure que le jour déclinait. Il fallait garder du courage pour un dernier effort.

Mais la nuit approchait à grands pas et l'on apercevait au loin des feux qui s'allumaient, des silhouettes qui brûlaient . Il y avait de la vie, donc de l'espoir.
Maurice puisant dans ses dernières forces vit qu'il avait enfin atteint les limites de cette grande plage désertique. Il pénétra dans un champ ou avaient poussé de grandes plantes vertes aussi grosses que des fougères arborescentes - cela ressemblait, pensa-t'il, à des herbes qu'on aurait certainement pût trouver à la préhistoire. Les plantes dégageaient une forte senteur entêtante qui agressait les narines.

Au bout du champ, il s'engagea dans un nouveau petit sentier de pierrailles bordé par des buis en forme de tunnel. On entendait distinctement le bruit du vent qui s'engouffrait. Il se mit à courir vers un promontoire rocheux s'attendant d'un moment à l'autre à voir la mer ou l'océan. Le cœur battant il escalada les derniers mètres et c'est avec effarement qu'il découvrit une fosse très profonde que des formes entourées de flammes parcouraient en tout sens. De partout à la fois montaient des cris plaintifs.
Alors qu'il se tournait en arrière pour regarder le chemin parcouru, une forme se hissa à sa hauteur. Elle arrivait d'un sentier qui gravissait le fossé par l'autre côté. C'est avec stupeur qu'il la reconnu ! Le visage de Maurice, éclairé par des éclairs rouges se figea comme de la cire. Ulysse87 tendait sa main vers lui pour qu'il l'aide à franchir le dernier parapet rocheux.

phildid