Depuis quelques jours que je vivais ici dans un autre pays, un pays Européen mais si différent de la France - Pour la première fois de la semaine j'étais enfin seul dans ce patio entouré de verre.
Alors que je forçais mes yeux à fixer l'écriture de ma main, je pouvais ainsi mieux entendre les bruits qui m'environnaient en les classant par ordre de position et de grandeur. Il y avait d'abord le tic tac incessant, lancinant d'une pendule et aussi celui d'un avion très haut qui traversait le ciel et toujours ce mouvement sourd, continu en fond d'une autoroute.
On entendait parfois quelques outils de perçage, des travaux de raccordement au gaz de ville d'une maison voisine. Le mouvement de l'autoroute ne cessait jamais, en regardant le ciel gris au dehors à travers la paroi de verre, on ne sentait pas le vent qui poussait les feuilles et les arbustes du petit jardin propret tout vert et l'on pouvait faire semblant d'entendre dans le lointain la mer ou l'océan.
Dans la cage de verre rien ne bougeait, on était à l'abri dans un sarcophage transparent immobile rassurant mais toujours un peu inquiétant, le silence n'existait plus- Le temps, s'il n'y avait la pendule demeurait immobile, on se sentait protégé, isolé de la pluie et du froid du dehors. Seul le bruit sourd au loin des automobiles qui filaient venait nous rappeler que là bas au dehors des gens s'activaient à toute vitesse alors qu'on était là parfaitement calfeutré dans une bulle de verre, isolé du dehors qui bougeait autour de vous.
Maintenant il suffisait de rentrer un peu plus à l'intérieur de la boîte maison, de quitter la cage de verre, d'aller s'étendre, pour oublier le monde, le tic tac de la pendule, le bruit sourd du trafic.
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