Mes pages

mardi 27 octobre 2020

John Doe



Le problème, c’est moins la mémoire, mais plus ce que l’on veut en faire
            (Professeur Frank H Pabodie De l’université de Miscatonik)


John Doe (épisode 3) première partie
« Sin city »


Lexingtown 13st N1, six heures du soir, la télé est allumée dans la petite chambre des parents de Joe. L’Australie joue contre l’écosse. Les Jackson comme une grande partie de l’Amérique se passionnent  pour la coupe du monde de rugby, le match est rude, une forte pluie bien Londonienne semble donner l’avantage aux écossais. Joe essaye toujours d’attirer l’attention de son père qui a des origines écossaises lointaines, mais rien à faire, voilà bientôt  trois mois que John est amnésique.

Après sa chute d’échelle, on lui a fait plusieurs scanners, l’imagerie cérébrale n’a pas montré de lésion. Pourtant John ne reconnaît plus personne pas même sa propre famille. Il semble avoir perdu sa mémoire explicite ce que les spécialistes  appellent aussi: la mémoire déclarative, qui est la mémoire que l’on connaît basée sur les souvenirs, les images, les mots ; ce qui serait apparenté au syndrome de Korsakov. Il ne se rappelle pas ce qui lui est arrivé ni de son accident. Toute la journée, il  fixe un point lointain, il ne parle plus, il ne peut plus rien apprendre de nouveau. Si quelqu’un sort quelques minutes et revient, il ne se rappelle pas, il faut se présenter à nouveau. Il sait faire, mais il ne sait pas qu’il sait. Le docteur Smith neurologue à l’hôpital central de Wichita nous a expliqué que tout se passe dans l’hippocampe, qu’il se crée des connections neuronales; les sens commandent aux neurones d’émettre des signaux qui vont automatiquement  atteindre la même partie du cerveau que la première fois là ou est stocké le souvenir c’est ce qu’il appelle, la mémoire relationnelle.
.Il ne reste plus qu’à espérer nous a-t-il  dit que la déesse Mnémosyne réapparaisse. En attendant on essaye de procéder de manière empirique par association d’idées et John prend pas mal de sérotonine. Toute la famille essaye de se mettre à son niveau et ce qui est  surprenant c’est que lorsque l’on part dans une direction souvent hasardeuse, on fait parfois des découvertes surprenantes sur des choses qu’on ne cherchait pas ou que l’on ne se rappelait plus. Le docteur nous donne souvent cette citation.
- « Ce que je deviens, dépend de vous ».
Il dit aussi qu’il y a plusieurs mémoires, que la mémoire visuelle n’existe pas; qu’elle n’est pas photographique que dans certaines maladies il peut y avoir une mémoire atteinte et pas les autres. Que la perception sensorielle visuelle ou mémoire iconique, c’est une forme de vision spatiale 3D pour les formes, les couleurs, la mémoire imagée en quelque sorte pour les visages, elle se situe dans le cortex occipital mais la science à ce niveau de connaissance est encore expérimentale. Ce que l’on connaît le mieux en fait, c’est le cortex frontal, tu vois, là à gauche vers le bas. Et c’est là qu’on va se concentrer en gros sur les deux mémoires principales.
La mémoire lexicale:de lexi en Grec qui veut dire mot, et qui est la carrosserie des mots. La carrosserie c’est l’intégration du graphisme qui est amené par le système visuel et du phonologique qui est amené lui par l’audition. Ensuite, il a dit, on s’attaquera à la mémoire sémantique (le sens) et puis après si on voit des progrès, on pourra tester la mémoire rangée; Elmer son pote connaît un peu ça parce qu’il fait de la prog, en informatique, on appelle cela les indices de récupération (indice BDD), ils fonctionnent comme une bibliothèque. Vous savez, avant on pensait que l’oubli était irrémédiable mais le vieux Ebbinghauss: premier savant de la mémoire, 1885 Allemagne a dit : Si on peut récupérer ces indices de stockage alors il existe une possibilité de mise en relation avec ce que l’on sait déjà.
Marie prend la parole et dit que c’est pas croyable tout ce qu’ils ont découvert sur le cerveau qui y a même un français qui parle de neuro-génèse c’est un truc qui z’ont découvert chez les oiseaux chanteurs qui chaque printemps essayent de mieux siffler pour charmer leur belle. Y’a aussi les petites mésanges charbonnières qui cachent leur nourriture à l’automne et qui ont besoin de se souvenir de leur cachette. Parait que ces nouveaux neurones, plus de mille par jour, renforcent les connections, c’est comme un rafraîchissement, mais pour qu’elles perdurent et qu’elles deviennent fonctionnelles, il leur faut pas mal d’oxygénation. Joe trouva ça super intéressant et on décida qu’on emmènerait papa demain prendre l’air dans le parc en haut de la côte du mont Salmond.



ACDC/Walk all over

.