« Penche toi
Hermès ; laisse-moi souffler sur ton front et tu vas voir ta délicieuse
nymphe sur-le-champ ».
Le Dieu sur ses ailes à demi
repliées, se couche, serein ;
Elle souffle sur ses yeux, et
en un instant apparaît
A l’un et à l’autre, sur l’herbe,
la nymphe sur ses gardes et qui presque sourit.
(Lamie / John Keats)
« Attention! La roue tourne. Quel animal avez-vous choisi ? Chien, chat, serpent, chat, cochon ? Ne bougez pas, car vous avez déjà beaucoup transpiré ! Restez calme la séance n’est pas encore terminée, fermer les yeux pour bien garder les dernières images du rêve, votre mémoire inconsciente saura les retrouver. »
Je suis allongé à moitié nu sur un lit d’hôpital me
rappelant vaguement ce que je fais là
- « Voila donc un rêve, dans lequel je vois toutes sortes
d’objets défiler devant moi, je crois aller et venir, traverser une série
d’aventures, je sens sur ma tête des vibrations et l’on me touche les bras et
les poignets comme si on m’attachait.
« Au commencement…dans l’antiquité les Grecs pensaient
que les rêves étaient envoyés par les dieux. »
- Représentez-vous tel ou tel dieu de la mythologie grecque,
imposez-vous le passage sous un portique de cornes, s’imaginer en Crète à
Knosos entre les majestueuses cornes de pierres, tendues vers le ciel en forme
de coupe, au milieu se dessinerait dans le lointain le mont Jouktas que l’on
appelle aussi la tête de Zeus.
Maintenant vous êtes
en train de faire brûler de l’encens en
marquant successivement les quatre points cardinaux ainsi que la terre et le
ciel.
A présent que vous construisez une maison pour vos rêves, laissez la porte
ouverte pour y pénétrer à votre guise et être en contact avec vos songes.
Lorsque vous distinguerai précisément l’extérieur de la maison, ouvrez la porte
et rentrez à l’intérieur. La maison est habitée par vos souvenirs et vos
fantasmes, vous êtes à présent le Pygmalion de ces lieux et demandez à votre
inconscient de se mettre à l’ouvrage.
Ainsi racontait Ovide : « …Avec un soin
infini, il passa et repassa longtemps son ciseau sur la statue d’ivoire qui
devint enfin une œuvre d’art exquise. Mais il n’était pas satisfait. Jour après
jour, il y travaillait et sous ses doigts habiles elle devenait de plus en plus
belle. La femme n’était pas née, la statue n’avait jamais été créée qui aurait
pu rivaliser avec celle-là. Quand le jour vint ou il n’y eut plus rien à ajouter
à ses perfections, son créateur connut un sort étrange : il s’éprit
profondément de la forme née de ses doigts. En matière d’explication, il
convient de préciser que la statue ne ressemblait pas à une statue: personne ne
l’aurait crue d’ivoire ou de marbre mais bien de chair humaine figée pour un
instant dans l’immobilité. »
Est-elle réellement présente, cette personne cette
chose ? Est-ce Lola ? Ou plutôt son effigie, Galatée que j’ai érigée
en statue sur un piédestal. Gardons les yeux fermés et voyons ce qui va se
passer. Les âmes, disait Bergson :
-« il en est qui se reconnaissent dans tel ou tel
corps. Ce corps qui ne sort pas tout à fait viable de la nature, se soulève
vers l’âme qui lui donnerait la vie
complète et l’âme regardant le corps ou elle croit apercevoir le reflet
d’elle-même fascinée comme si elle fixait un miroir se laisse attirer,
s’incline et tombe, sa chute est le commencement de la vie ».