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Sous le sable d' Euphrosuno


Le soleil avait disparu depuis longtemps, il faisait lourd. La lune brillait comme un diamant, elle éclairait l'encre du ciel. Nous venions de commencer l'exploration. Un tunnel nous avait mené vers une petite entrée au fond d'une sombre galerie. Alors que nous longions une épaisse muraille grise l'air devenait de plus en plus irrespirable, vicié, je transpirais abondamment, ma main aveugle tenait l'épaule de Paul qui marchait devant moi.



Nous nous enfoncions toujours plus profond dans un labyrinthe de venelles étroites qui tournaient souvent à angle droit. Elles descendaient en pente douce, le flamme de notre torche était aspirée vers l'intérieur de la galerie, un souffle froid nous giflait le visage, il entrait comme des aiguilles de glace au travers de nos narines pour en ressortir en buée bleutée de notre bouche. De chaque côté des murs de pierres, on croisait des cavités murales dans lesquelles reposaient des crânes luisants dont les yeux vides et noirs nous fixaient.

- Aime la vie. Demande lui ton retour sur cette Terre-Mère qui t'a vu naître. Implore-la de te rappeler à elle pour revenir briller sous l'astre, te baigner encore au milieu de ses chauds rayons. Mais lorsque tu t'enfonces vers les niveaux inférieurs, que tes yeux se dilatent de terreur, c'est la nuit, une nuit sans lune au milieu des flammes. Comme un sombre pressentiment, son visage s'est couvert de confusion et de poussière. Un arbre mort s'est dressé sur le chemin elle allait à jamais sortir de sa vie.

La lumière des torches diminuent elles brûlent comme des chandelles et commencent à fumer. La frayeur monte dans mon cœur,  je crie en tombant à genoux refermant mes doigts sur de l'argile d'eau et de sang qui glisse comme la tristesse résignée. Il faut fermer les yeux, chasser l'idée folle, la pure folie.

Les grecs l'appelaient Euphrosunon. celui qui boit une coupe pleine ne peut verser une seule larme pendant tout le jour quand il verrait mourir devant lui sa femme, ses enfants, son père et sa mère, son frère et tous ses amis. Neuf siècles avant notre ère Homère dans son Odyssée, évoque une plante merveilleuse qu'il nomme "Népenthès" avec des fleurs de laquelle la belle Hélène aurait fabriqué une boisson destinée à soulager son royal mari en proie à d'amer souvenirs. Ce breuvage dissipe la tristesse, calme la colère et fait oublier tous les maux.

Tu as bu, maintenant ta mémoire se vide. Il y aussi un sentiment de répugnance intense et inexplicable pour combler par de pseudos souvenirs un vide déconcertant, une peur étrange de voir sa propre silhouette, comme si les regards allaient y découvrir quelque chose d'absolument inconnu d'une inconcevable horreur. Les images elles-mêmes furent d'abord plus étranges qu'effrayantes. Il me semblait que je me trouvais dans une immense salle voutée dont les hautes nervures de pierre se perdaient presque parmi les ombres au dessus de ma tête.

Maintenant je me rappelle de cette confrérie de St Jean. Leurs membres choisissaient leur maître appelé "Loup-vert" parce que à l'origine il était affublé de verts feuillages et d'une peau de loup. Nous sommes enfin arrivés dans une immense salle de réception au milieu d'une grande place entourée de vastes esplanades, le cérémonial commence des gens défilent devant un énorme piédestal sur lequel repose un serpent enroulé en cercle se mordant la queue. Le futur "Loup-vert reçoit son baptême du feu après une course poursuite autour d'un brasier ou il tente de leur échapper en les frappant de sa longue baguette, le"loup-Vert" est pris et porté triomphalement sur les épaules de ses confrères qui feignent de le jeter dans les flammes. Il est minuit, les membres de la confrérie entonnent l'hymne de la St Jean, le "Loup-Vert drapé dans sa houppelande verte et coiffé  de son chapeau conique reçoit des clochettes puis il commence son office au son de la vièle d'un jongleur chantant "de geste", des trompettes résonnent sous la voute annonçant une entrée princière et les tableaux vivant d'un "mystère".

phildid


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