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lundi 13 mars 2017

Bernard Dufour




Bernard Dufour rayonnait, enfin seul au volant de son Audi 4 Berline, il filait de rond point en rond point vers l'océan; bien protégé de l'extérieur par la qualité de ses vitres fumées, il observait distraitement les décorations de Noël qui ornaient les vitrines des petites villes qu'il traversait allègrement, le doux ron ron du moteur puissant berçait d'aise son imagination venant lui rappeler avec satisfaction comment il avait pu acquérir depuis peu la voiture de ses rêves sans se ruiner par un de ses clients viticulteur qui lui avait dû s'en séparer à contre cœur;




Bernard avait saisi l'occasion sans réfléchir, lui qui en rêvait depuis si longtemps.
La pub du site internet vantait l'Audi 4 Berline, pour l'équilibre idéal entre performance, sportivité et souveraineté: intelligence et émotion c'était çà l'Audi 4.
En vue du panneau A83 qui indiquait la direction de Fontenay-le-Comte, il écrasa progressivement la pédale d'accélérateur, le bolide s'engagea sur la bretelle d'accès, à mesure que son pied s'enfonçait, la pression dans son dos devenait plus forte, il sentit monter l'adrénaline devant les cadrans bleutés, ses doigts se crispèrent sur le volant lorsque celui-ci s'inclina légèrement et que la direction se durcit au fur et à mesure qu'il prenait de la vitesse. Le GPS indiquait 35 minutes jusque la Tranche-sur-Mer, il pourrait bientôt étreindre Marie dans ses bras dans la maison de son enfance.
- Ça allait être un moment merveilleux.

Enfin il est arrivé, s'est engagé sur les graviers de l'allée qui mène à la petite maison; le ciel est gris sans nuage, un vent fort se déplace en rafales  portant distinctement la houle qui grossit à la surface de l'océan.
Il est descendu de la voiture encore un peu enivré de son voyage puis il a marché comme un somnambule vers la porte d'entrée, s'est engouffré à l'intérieur. Rien ne bougeait dans la maison pas un bruit, il a passé la tête discrètement par la porte du salon, comme il le faisait quand il était petit et qu'il regardait si sa grand mère avait préparé le goûter.

Marie était là, affalée sur la table, la tête posée sur ses bras repliés. Les yeux de Bernard parcourent la pièce qui a été transformée en atelier, malgré le désordre apparent il essaie de rassembler ses souvenirs. Les vacances d'été de sa tendre jeunesse, les jeux d'enfants, les pêches miraculeuses au bord de l'océan; submergé d'émotions par toutes ces images du passé il décide de sortir un moment: prendre l'air lui fera certainement du bien.

Marie rêve de châteaux blancs émergeant des brumes vaporeuses, elle flotte dans une grande barque, il n'y a plus de vent, le ciel n'est ni gris ni bleu, on entend juste un doux clapotis; les rivages de la baie sont illuminés de guirlandes aux couleurs éclatantes. Marie se laisse glisser au fil de l'eau, on lui pose sur les épaules une épaisse cape bleue avec une grande épée brodée au milieu...

phildid