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samedi 17 décembre 2016

Debut d'une histoire

Photo © Wilfried Kufferath


- « Prépare les chevaux Bernardo, nous partons. »
- « Partir maintenant, quelle folie Messire ! Nous ne pouvons pas franchir le mur du camp, à cette heure- ci, les gardes fourmillent. Il nous faut attendre la nuit quand ils sont moins nombreux et se saoulent tellement qu’ils ont du mal à reconnaître un cheval d’un âne. »




- « Bernardo, toi qui crois seulement que ce qui nous entoure n'est que matière, tu comprendras bientôt qu'il y a un en-dedans, non pas ce que tu appelles l'au-delà mais bien des ouvertures entre les murs de cette matière, et quand la porte aura disparue, il importera peu que tu sois d'un côté ou de l'autre de ce mur. »

- «Tout ce que je sais c’est que si nous restons trop longtemps par ici, et qu’une âme féroce sort d’un corps en se séparant de lui volontairement, Minos risque de nous précipiter avec elle au-delà du septième cercle, alors nous tomberons dans la forêt là ou le sort nous aura jeté, au milieu des âmes qui germent comme une semence pour s’élever ensuite en plantes puis en arbres, ce sont les harpies qui se nourrissent de leurs feuilles, excitant en elles une douleur aigüe. »

- «  Moi,je ne sais pas, j’en ai vu un qui passait, il y a de ça deux jours, par là près du chemin de ronde juste à côté du rocher plat.
En le voyant à la porte, les gardes ont devant lui croisé leurs hallebardes.
Le téméraire est ici cependant, les gardes l'interpellent à grands coups de gueule, le bougre n’osait même plus bouger tellement il avait peur, s’il avait pu se transformer en statue, je crois qu’il l’aurait fait.
Il s’est avancé doucement, tenant dans sa main droite son numéro et de l’autre il agitait sa carte de vie. Les gardes l’ont entouré et se sont mis à l’interroger. »
- « Qu’est-ce que tu fous par ici, bougre d’animal, t’as pas entendu parler des champs d’interdiction et du mur de la zone ?- Fais voir ton  numéro d’immatriculation. »
Un des gardes l’a saisi par le cou et s’est mis à le secouer en l’engueulant.
- « Pourquoi t’es ici avec un numéro pareil, tu viens des quartiers est ? »
 - « Soudain y’a eu comme un radoucissement, j’étais trop loin pour voir. Le type s’était doucement collé à l’oreille du garde qui est resté là planté avec un grand sourire d’extase sur sa face de rat épanouie,  je les ai vu partir vers la grande porte, dix minutes après il a passé les portes en sortant de l'autre côté  sans encombre.»
 - « Qu’est-ce qui s’était passé ? Le type avait pourtant un mauvais numéro, le 911,  je l’ai bien vu » ! Avant de disparaître, il s’est retourné et a dit distinctement :
 - « J’irai à Rocamadour ».
- Tu crois que c’est le messager ? »
- Laisse moi te dire ce que le grand inquisiteur Dosto raconte.L'Exil des mots Cette sorte de fable ou Jésus revient en Espagne au moment du triomphe de l’inquisition, du bûcher etc… et là-dessus l’archevêque le reconnaît et le met  aussitôt en prison.
« T’es revenu, mais qu’est-ce tu viens faire ici ? Tu sèmes le désordre, on s’est bien arrangé pour que tout fonctionne bien etc… - Il faut le liquider.
 L’archevêque décide de le laisser partir et Jésus l’embrasse sur la bouche à la russe ».

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